Certains systèmes d’assistance à la conduite doivent désormais être activés par défaut à la mise en marche du véhicule, sans possibilité de désactivation permanente par l’utilisateur. Plusieurs dispositifs, exigés par GSR2, vont au-delà des exigences précédentes en matière de sécurité routière, imposant des contraintes techniques inédites aux constructeurs.
L’obligation d’intégrer des systèmes de surveillance du conducteur s’applique même aux véhicules utilitaires légers, bouleversant les pratiques de l’industrie. L’entrée en vigueur de ces exigences entraîne une révision des processus de certification et de mise sur le marché pour tous les nouveaux modèles concernés.
Norme GSR2 : une évolution majeure dans la réglementation européenne de la sécurité automobile
Depuis le 7 juillet 2024, la norme GSR2 impose un nouveau standard à tous les véhicules neufs vendus dans l’Union européenne. Ce règlement, édicté par la Commission européenne, opère un véritable basculement dans l’approche de la sécurité routière sur le continent. Le cap est fixé : atteindre Vision Zero d’ici 2050, autrement dit, faire disparaître morts et blessés graves sur les routes européennes. Mais l’ambition va plus loin : la réglementation GSR2 aborde aussi la question des émissions polluantes et de la protection contre les cybermenaces, à l’image des risques émergents pour les véhicules connectés.Le cadre légal, adopté par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne, ne se contente plus d’encourager : il impose. Chaque acteur de la filière, du constructeur à l’équipementier, doit désormais répondre à un cahier des charges strict, sous peine de se voir fermer l’accès au marché. Désormais, la sécurité routière européenne se structure autour d’exigences concrètes, appuyées sur des contrôles techniques renforcés.Cette réglementation traduit une orientation politique assumée : poser les mêmes règles pour tous, afin de protéger les citoyens et d’assurer la loyauté de la concurrence au sein du marché intérieur. GSR2 redistribue les cartes : les stratégies des industriels doivent s’adapter, les modèles de voitures évoluent, le secteur tout entier bascule vers une approche plus homogène et rigoureuse.
Quels équipements et technologies sont désormais imposés par la GSR2 ?
La norme GSR2 redessine le paysage de la sécurité des véhicules neufs. Désormais, chaque voiture produite pour le marché européen doit embarquer des assistances électroniques et technologies de prévention autrefois réservées au haut de gamme. Cette approche systémique vise à généraliser des dispositifs-clés.
Voici les principales technologies exigées par la réglementation :
- Freinage d’urgence automatique (AEB) : lorsque le risque de collision est détecté, le véhicule déclenche lui-même un freinage, minimisant les accidents en ville comme sur autoroute.
- Alerte de somnolence et de distraction : des capteurs évaluent l’attention du conducteur et envoient un signal en cas de signes de fatigue ou d’inattention.
- Surveillance de la pression des pneus (TPMS), alerte de franchissement de voie, signal de freinage brusque : des systèmes désormais généralisés, supprimant toute marge d’appréciation individuelle lors de l’équipement des modèles.
- Limiteur et alerte de vitesse intelligente (ISA) : le système adapte ou avertit automatiquement en cas de dépassement des vitesses autorisées, grâce à la lecture des panneaux et à la cartographie embarquée.
- Prédisposition à l’antidémarrage éthylométrique : tout véhicule neuf doit pouvoir recevoir un éthylotest anti-démarrage, participant à la lutte contre la conduite sous l’emprise de l’alcool.
- Enregistreur de données d’accident (EDR, “boîte noire”) : la collecte automatique de données lors d’un choc devient obligatoire, pour faciliter l’analyse post-accident et mieux comprendre les circonstances des collisions graves.
En 2026, d’autres exigences s’ajouteront, telles que la détection des usagers vulnérables (piétons, cyclistes) et des dispositifs de protection renforcée pour piétons. Les crash-tests eux-mêmes évoluent, pour s’aligner sur les standards Euro NCAP et contraindre toute la filière à s’adapter. Intégrer ces nouvelles normes dès la conception s’impose désormais comme un passage obligé pour chaque constructeur, sous peine de devoir revoir toute la chaîne de production.
Professionnels du secteur : ce que la GSR2 change concrètement au quotidien
Pour les constructeurs automobiles, la GSR2 impose un profond remodelage de la production. Chaque modèle neuf doit intégrer ces systèmes avancés d’aide à la conduite : freinage automatique, boîte noire, alertes diverses… L’ajustement est massif : les investissements explosent, l’organisation industrielle se réinvente, et certains modèles jugés peu rentables ou techniquement incompatibles disparaissent du catalogue, la Renault Twingo, la Fiat 500, la Suzuki Ignis ou la Renault Zoé ne seront plus proposés. Les bureaux d’études revoient l’architecture électronique, chaque détail doit coller aux nouvelles exigences.
Ce renforcement technique a un impact immédiat sur le prix des véhicules neufs : la hausse varie, entre 300 et 617 euros selon la configuration. Les constructeurs répercutent ces coûts sur le client final, qui découvre parfois de nouveaux équipements jugés intrusifs, comme l’ISA ou la boîte noire. Les modèles comme la Dacia Sandero, la Peugeot 208 ou le Hyundai Kona affichent déjà des tarifs réajustés, preuve tangible de cette mutation réglementaire.
Le secteur de l’utilitaire n’est pas épargné. Les véhicules professionnels doivent eux aussi intégrer ces équipements, pesant sur leur compétitivité. Certains modèles sont adaptés dans l’urgence, d’autres tirent leur révérence pour des raisons économiques ou techniques. L’acceptation de certains dispositifs, en particulier l’ISA, reste délicate : les retours d’expérience soulignent des difficultés d’utilisation sur des modèles comme la Toyota CH-R ou la Suzuki Swift. Les professionnels du secteur doivent donc former leurs équipes, expliquer et accompagner clients et partenaires, tout en conduisant leur propre transition réglementaire.
Renforcer la sécurité routière : quels enjeux et perspectives avec l’application de la GSR2 ?
La GSR2 marque une avancée dans la quête d’une sécurité routière européenne renforcée. Depuis juillet 2024, chaque véhicule neuf vendu dans l’Union européenne intègre de nouveaux équipements conçus pour protéger conducteurs, passagers, mais aussi piétons et cyclistes. Cette volonté politique s’inscrit dans la logique de Vision Zero : plus aucun décès ni blessure grave sur les routes de l’UE d’ici 2050.
La généralisation du freinage automatique, de l’alerte de franchissement de voie ou de l’ISA vise à réduire l’erreur humaine, principale cause d’accidents. Si certains usagers critiquent la dimension intrusive de ces technologies, le législateur mise sur la prévention collective. Les données recueillies par la boîte noire (EDR) permettront de comprendre plus finement les causes des accidents et d’améliorer les politiques publiques.
La GSR2 ne s’arrête pas à la seule sécurité : elle s’attaque aussi à la réduction des émissions polluantes et à la cybersécurité, pour anticiper les défis du virage électrique et connecté. L’enjeu est de taille : concilier innovation, acceptabilité et cohérence réglementaire, dans une Europe où chaque trajet s’inscrit désormais sous le signe d’une responsabilité partagée. À l’avenir, chaque conducteur montera à bord d’un véhicule pensé pour veiller sur lui, et sur tous les autres.
